POINT DE SITUATION SUR NOS RECHERCHES CONCERNANT LA BRANCHE ACADIENNE DE LA FAMILLE LEMOINE DE SAINT PIERRE ET MIQUELON |
(BRANCHES PHELIPOT - RADOU)
PHELIPOT Modeste, Eugénie, née à SAINT PIERRE le 22 juillet 1829 (arrière grand-mère de LEMOINE Albert) fille de Jean-Pierre et de Jeanne-Caroline RADOUX est vraisemblablement une descendante des premiers occupants des Iles SAINT PIERRE ET MIQUELON, soit avant 1700...? Sur l'arbre généalogique des familles LEMOINE/CHAMPDOIZEAU, elle est la seule de sa génération a avoir eu des ascendants dont la présence sur les îles est antérieure à 1815.
Son arrière grand-père paternel, PHILIPOT Guy est né en 1731 à LOUISBOURG sur l'ILE ROYALE. Il est d'ailleurs fort probable que la famille PHILIPOT (ou PHELIPOT suivant l'orthographe du moment) fasse partie des tous premiers occupants des îles SAINT PIERRE ET MIQUELON. Les îles ont été peuplées de résidents permanents dès la fin des années 1600 (vers 1685). Il y avait environ 300 habitants en 1710 ; les PHELIPOT devaient être là (hypothèse qui reste à démontrer).
Son arrière grand père maternel RADOUX Jean-Baptiste est originaire de QUEBEC où il a dû naître dans les années 1720. La famille RADOUX a dû rejoindre les îles SAINT PIERRE ET MIQUELON vers 1764 après le premier dérangement.
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En 1713, à la suite du traité d'UTRECHT, la France abandonne Saint-Pierre et Miquelon, Terre-Neuve, toute l'Acadie (Nouvelle-Ecosse, Nouveau Brunswick et les îles du secteur). Elle conserve l'ILE ROYALE (Cap Breton) avec LOUISBOURG comme chef-lieu. La population de Saint-Pierre se réfugie à LOUISBOURG.
Les PHELIPOT devaient en être (hypothèse qui reste à démontrer). Mais le premier élément certain est la naissance de PHELIPOT Guy en 1731 à LOUISBOURG.
En 1758 les anglais prennent LOUISBOURG et la population de l'ILE ROYALE retourne en France.
Les PHELIPOT devaient en être ( hypothèse qui reste à démontrer).
En 1763 le traité de PARIS clôt temporairement la guerre franco-anglaise. La France perd l'ILE ROYALE mais retrouve les îles SAINT PIERRE ET MIQUELON qui restent le seul territoire français de la région.
Le recensement des îles SAINT PIERRE ET MIQUELON établi en 1765 atteste que Guy PHELIPOT est à Saint-Pierre à cette date. Il possède une maison de 44 pieds sur 24, un magasin de 15 pieds sur 14, un chaffaud de 100 pieds et une chaloupe.
C'est cette arrivée très rapide, immédiatement après le traité de PARIS qui laisse penser que la famille PHELIPOT faisait partie des tous premiers occupants des îles et que l'installation de 1764 était en fait un retour après l'évacuation forcée de 1713.
Guy PHELIPOT se marie à LOUISBOURG ou à SAINT PIERRE vers 1763 avec Marie-Josèphe DESALEUR (ou COUPIAU DESALLEURS) née vers 1734 à LOUISBOURG ou NOTRE DAME sur l'ILE ROYALE ( ses parents Denys et Marguerite MELANSON, de l' ILE ROYALE).
Ils vont avoir huit enfants (dont 3 décèdent en bas âge à Saint-Pierre) :
Sur le recensement de SAINT PIERRE réalisé en 1776 figurent :
Tous ces enfants de Guy PHILIPOT sont nés à SAINT PIERRE entre 1764 et 1770.
Les RADOUB sont là aussi.
RADOU Jean-Baptiste est marié à Anne BROS (ou BRAUT), ils viennent de SAINT ESPRIT de LOUISBOURG (Evêché de QUEBEC), où ils ont eu déjà au moins deux enfants, Victor et Marie. Ils arrivent à SAINT PIERRE ET MIQUELON en 1763/1764. Les baptêmes des enfants de RADOU Jean-Baptiste et de Anne BRAUT sont enregistrés à Saint-Pierre :
Jean-Baptiste RADOU va décéder à Saint-Pierre le 14 février 1769 à l'âge de 47 ans. Sa femme Anne BRAUT (ou BROS) va se remarier avec Nicolas HAMELIN.
On note sur le même recensement de 1776 la présence de :
Nicolas HAMELIN est né vers 1740 à SAINT JEAN DES CHAMPS (district de COUTANCES -50-), fils de François HAMELIN et de Marguerite MEGUIER. Il se marie une première fois le 13 octobre 1754 à LOUISBOURG avec Catherine GOSSELIN, native de LOUISBOURG.
Il se remarie en seconde noce, à SAINT PIERRE, le 24 juillet 1774 avec Anne BRAUD née vers 1736, elle-même veuve de RADOUB Jean-Baptiste décédé en 1769. Ce RADOUB Jean-Baptiste est vraisemblablement né vers 1720/1725 à QUEBEC. Il a dû en être chassé vers 1763. Il semble que son fils François soit né à LA ROCHELLE (17), port dans lequel la famille avait dû être déportée lors du premier dérangement.(1758/1763) - La famille a dû rejoindre SAINT PIERRE ET MIQUELON vers 1764.
Toujours sur le même recensement Saint-Pierrais de 1776, on note également la présence de deux filles majeurs de Jean-Baptiste RADOUB et d'Anne BRAUD :
En 1791, Victoire et Marie veuves et domiciliées à LA ROCHELLE sont pensionnées de la marine sur les registres de ROCHEFORT.
En 1778, en raison de l'appui français aux insurgés américains, les troupes anglaises rasent SAINT PIERRE et expulsent la population qui se réfugie dans des conditions misérables dans des ports français. Ce sera le deuxième dérangement (1778/1783).
Le 19 novembre 1778, la famille PHELIPOT (Guy, sa femme et ses cinq enfants) venue de SAINT PIERRE sur le navire anglais « LA MARIE » capitaine John GUILBERT, débarque à SAINT SERVAN.
Nicolas HAMELIN, Anne BRAUD et les enfants d'Anne : Jean-Baptiste - Marguerite et Charles RADOUB sont du voyage sur le même bateau.
La vie en France sera difficile, mais les réfugiés Saint-Pierrais bien que dispersés, restent soudés et se rencontrent fréquemment. Beaucoup d'hommes s'engagent comme marins dans les ports français et font du cabotage.
En 1783 au traité de VERSAILLES, les îles SAINT PIERRE ET MIQUELON sont rendues à la France. La population exilée revient sur les îles.
Sur le recensement des établissements de SAINT PIERRE, réalisé par le Baron de l'Espérance, gouverneur, le 23 décembre 1783, Guy PHELIPOT possède une cabane et une maison presque finie (il est installé à côté de la boulangerie et de la caserne). Sa concession de pêche (graves) est située sur la gauche de la zone en entrant , elle est en deux parties PHELIPOT et LAFITTE (son gendre, le mari de Jeanne Françoise PHELIPOT qui s'est mariée avec LAFITTE Claude Bernard, originaire de ROCHEFORT le 15 novembre 1785 à SAINT PIERRE).
Les RADOUB sont plus malheureux. Ils rejoignent SAINT PIERRE en 1785 sur le navire « LES TROIS SŒURS » de SAINT MALO. Le navire fait naufrage à MISTIQUIN POINTE, près du CAP ROZE sur les côtes de TERRE NEUVE. Rescapée, arrivée à SAINT PIERRE la famille Nicolas HAMELIN, Anne BRAUD et ses trois enfants recevront 48 livres de secours. A cette date, RADOUB Charles,Antoine (le grand père) a 16 ans.
Le 20 janvier 1789 François PHELIPOT (le fils de Guy) se marie à Saint-Pierre avec Marie-Charlotte GODEBOUT, née le 22 septembre 1766 à SAINT PIERRE . Ils auront huit enfants :
La famille GODEBOUT est aussi une ancienne famille « d'américains». Antoine GODEBOUT, le père de Marie-Charlotte est né le 25 février 1737 à QUEBEC (fils de Jean et de Renée, Marie-Louise GAUTIER). A QUEBEC, il est tonnelier du magasin du roi. Après la perte définitive du Canada en 1763, il se retrouve en France et se marie le 21 février 1764 à SAINT SERVAN avec Anne BESNARD, née vers 1730 dans la paroisse de SAINT PIERRE de LOUISBOURG sur l'ILE ROYALE (fille de Pierre et de Cécile de LONGUEPEE).Antoine GODEBOUT réside à SAINT SERVAN en 1763/64. Le 8 juillet 1764, sa famille arrive à MIQUELON sur le bateau le « BENJAMIN ». Ils auront trois enfants :
En 1778, comme tous les habitants ils subiront la déportation. Le 5 novembre 1778, venant des îles SAINT PIERRE ET MIQUELON la famille est sur le bateau « LA MARIE ANNE », capitaine Pierre Adam GUERIN, qui accoste à NANTES (44). Ils débarqueront le 16 novembre 1778 à LA ROCHELLE (17) après être repartis de NANTES le 11 novembre. Marie-Charlotte (la grand mère) a treize ans. Puis, pas de nouvelles, la famille a dû rejoindre SAINT PIERRE ET MIQUELON en 1783/84. Le 8 octobre 1790, l'assemblée générale de la commune de SAINT PIERRE demande que la veuve GODEBOUT, avec une vingtaine d'autres personnes, perçoive la ration par nécessité en guise de secours. Antoine GODEBOUT a donc dû décéder à SAINT PIERRE ET MIQUELON en 1784/1790. En 1799 Anne BESNARD, veuve GODEBOUT est recensée à SAINT SERVAN sur la liste des personnes ayant droit aux secours, elle a 70 ans.
Conséquence de la révolution française, le 31 janvier 1793 la guerre est déclarée entre la France et l'Angleterre. Le 14 mai 1793, les anglais occupent les îles. Les habitants, d'abord maintenus sur place, sont expulsés et remplacés par des pêcheurs de TERRE NEUVE. Ce sera le troisième et dernier dérangement (1793/1815).
Les familles PHELIPOT et RADOUB sont à nouveau exilées en France. RADOUB Charles,Antoine, marié à SAINT PIERRE avec HENRY Thérèse, originaire de GRANVILLE (50) arrive à LORIENT en novembre 1794 (en Frimaire - AN III). Ils ont une petite fille Françoise née à SAINT PIERRE le 9 janvier 1793. Les PHELIPOT sont domiciliés à SAINT SERVAN (35).
Guy PHELIPOT décède le 7 octobre 1796 à SAINT SERVAN, il a environ 65 ans, sa famille en grande difficulté, bénéficie des secours publics.
Sur l'état des réfugiés et déportés de SAINT PIERRE bénéficiant de secours et résidant dans le canton de SAINT SERVAN établi en 1799, on note la présence de :
François PHELIPOT, qui a donc perdu son père en 1796, perd sa femme Marie-Charlottte GODEBOUT qui décède le 7 décembre 1806 à SAINT SERVAN, il perd également sa mère Marie-Josèphe DESALEUR le 20 avril 1808 à SAINT SERVAN.
Sur le recensement des réfugiés de SAINT PIERRE présents en France à la date du 2 février 1808, on note la présence de :
A LORIENT le 8 juin 1810, alors que Charles-Antoine RADOUX, marin, est en mer, Thérèse HENRY sa femme décède, elle a environ 38 ans. L'année suivante, le 13 juin 1811 son fils Pierre, le cadet de la famille, décède également, il a six ans.
Le 1er février 1815, François PHELIPOT, officier de marine, se remarie à SAINT SERVAN avec Marie-Thérèse DRIEU. Elle est née le 30 novembre 1876 à SAINT SERVAN et se trouve veuve d'un premier mariage depuis le 13 septembre 1804. Elle ne connaît pas les îles SAINT PIERRE ET MIQUELON.
Le 20 novembre 1815 le second traité de PARIS rend définitivement l'archipel à la France. La prise de possession effective aura lieu en juin 1816. Tout sera à reconstruire, depuis vingt ans les îles sont inhabitées. En effet, en 1793 les anglais avaient occupé les installations des français déportés, mais en 1796 le contre amiral français RICHERY ruinait les propriétés des nouveaux colons anglais qui de ce fait abandonnèrent définitivement les îles.
Le 1er juillet 1816, PHILIPOT François, 52 ans, sa femme Marie-Thérèse DRIEU, 38 ans et les enfants de François : Benjamin, 23 ans - Jean-Pierre, 21 ans (le grand père) - Léandre, 19 ans - Charles, 14 ans et Adolphe, 10 ans sont à SAINT PIERRE. Embarqués à SAINT SERVAN sur la flûte du roi « LA REVANCHE » ils sont arrivés à SAINT PIERRE parmi les premiers.
Egalement en 1816, la famille RADOUX, dont Jeanne-Caroline (la grand mère) qui a 16 ans, embarque de BREST pour SAINT PIERRE sur la flûte du roi « LA CARAVANE ». Sur le même bateau se trouve également Louis PHELIPOT (frère de François) sa femme et ses cinq enfants.
Arrivé à SAINT PIERRE, Jean-Pierre PHELIPOT reprendra les activités de pêche de ses ancêtres. Il se mariera le 5 mars 1820 à SAINT PIERRE avec Jeanne-Caroline RADOUX. Ils avaient vécu la même difficile aventure.
Son père François fera carrière, il sera officier de marine. A la fin de sa vie, il se retirera à SAINT SERVAN (35) avec sa seconde femme Marie-Thérèse DRIEU. Après une vie bien remplie, il y décèdera le 17 février 1840, il avait 76 ans.
Charles-Antoine RADOU se remariera le 7 novembre 1820 à SAINT PIERRE ET MIQUELON avec Marie-Jeanne SUBLIME, une veuve d'origine saint-pierraise qui avait également été déportée à LORIENT (56) de 1795 à 1815. Il décèdera à SAINT PIERRE le 17 mai 1847.
A noter par ailleurs que la sœur de Jeanne-Caroline, Françoise RADOUX, se mariera en 1821 à SAINT PIERRE avec Jean DARRUSPE. Leur fille, Ursule DARRUSPE, se mariera à SAINT PIERRE le 22 février 1854 avec Jean LAFARGUE (le grand père LAFARGUE). C'était le premier lien familial entre les familles LEMOINE (branche PHILIPOT/RADOUX) et CHAMPDOIZEAU (branche LAFARGUE).
En 1829, Modeste-Eugénie PHELIPOT naît du mariage de Jean-Pierre PHELIPOT et de Jeanne-Caroline RADOUX, elle est la descendante la plus proche de la branche acadienne de la famille LEMOINE. Son mariage célébré en 1848 est donné à titre de curiosité : c'est le grand-père LEMOINE Louis-François, officier d'état civil à SAINT PIERRE qui marie Modeste-Eugénie PHELIPOT et Vincent-Marie MAILLARD, leurs petits enfants respectifs Charles-Emile LEMOINE, petit fils de Louis-François LEMOINE, et Eugénie-Marie RENOU petite fille de Vincent-Marie MAILLARD se marieront ensemble en 1918 réunissant ainsi les deux familles.
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Ces gens devaient avoir une force de caractère hors du commun. La ténacité dont ils font preuve est absolument extraordinaire. L'amour de leurs îles, la volonté de s'y maintenir, qui se transmettent de génération en génération malgré toutes les difficultés et les malheurs nombreux qu'ils rencontrent, sont remarquables.
Bien que leurs traces soient souvent difficiles à suivre avec les trois grandes déportations qu'ils ont eu à subir : la 1ère de 1758 à 1763 ; la 2ième de 1778 à 1785 ; la 3ième de 1793 à 1815, ils méritent bien que nous fassions quelques recherches ...
NOTE INTERESSANTE :
Les recherches vont se poursuivre, il n'y aura donc pas de conclusion à ce document. Toutefois, pour terminer, nous avons relevé une note intéressante pouvant orienter les investigations futures : Michel PHILIPOT est un des lieutenant de Jacques CARTIER. Sa présence est signalée lors de la découverte du Canada (2ième voyage), réalisée avec trois navires (LA GRANDE HERMINE, LA PETITE HERMINE et L'EMERILLON) partis de SAINT MALO (35) le 19 mai 1535 et de retour le 16 juillet 1538.
Peut être un grand-père ......
BIBLIOGRAPHIE :
Divers documents sur les acadiens qui ont été consultés dans les services d'archives où nous nous rendons. Il faut noter toutefois, le livre de Michel POIRIER « les acadiens aux îles Saint-Pierre et Miquelon - 1758/1828 » dans lequel nous avons trouvé de nombreux renseignements sur les aïeuls de la famille. Voir aussi le site internet de SAINT PIERRE ET MIQUELON qui reproduit en parti les registres d'état civil de SAINT PIERRE ET MIQUELON de 1763 à 1790.