La Génération d’Ernest PINGOT 1880-1964
Ernest est né le 12 février 1880 aux Chalopins, commune de MONTEREAU (45). Son père a trente quatre ans, il est cultivateur, et sa mère Marie PLACIER a vingt sept ans. Il est le second enfant du couple, le premier a été Emile-Joseph né le 10 mars 1879 à MONTEREAU, mais qui décède prématurément le 15 septembre 1879 à l’âge de six mois. Ernest aura un autre frère : Eugène-François né le 25 juin 1883 à MONTEREAU .
Ernest passera sa jeunesse entre l’école et les travaux de la ferme.
Le 28 novembre 1905 il a vingt cinq ans et se marie à Noyers avec Alphonsine Marie SIGNOL, une jeune fille de Noyers, ses proches l’appellent Marie.
Ernest et Alphonsine Marie s’installent dans la ferme de La Rebosserie à La COUR MARIGNY, à proximité des bâtiments se trouvait un gros chêne plusieurs fois centenaire. Ils y sont cultivateurs, et pratiquent la polyculture avec petit élevage des animaux traditionnels de la ferme. Le premier enfant du couple sera Marthe-Ernestine-Marie qui naît à La Rebosserie le 17 novembre 1906, Alphonsine la maman a vingt deux ans. Le second est Maurice-Ernest-Marius qui naît le 15 juin 1909, le troisième et dernier est Lucien-Marcel qui naît toujours à La Rebosserie le 21 juin 1913.
Tout était bien parti pour le couple, mais en 1914 la guerre éclate et Ernest est mobilisé. Alphonsine Marie reste à la ferme et continue le travail avec ses trois enfants en bas âge.
Il est affecté au 82ième régiment d’infanterie, 2ième bataillon, 6ième compagnie. L’historique du régiment est joint en annexe, cette unité est formée sur deux garnisons : Montargis et Troyes. Le régiment fait parti de la 17ième brigade, 9ième division, 5ième corps d’Armée, lequel entre dans la composition de la 3ième Armée qui au début de la guerre va être chargé de l’offensive contre les armées allemandes en marche sur la Belgique.
Les 5 et 6 août 1914, le régiment débarque sur les bords de la Meuse, à Mérouville. Les opérations militaires sérieuses commencent le 21 août au matin. Le 6 septembre le régiment reçoit l’ordre de se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Il va tenir jusqu’à l’ordre du repli, mais les pertes seront terribles, 1600 hommes y ont laissé la vie. Le détail de ces combats figure en annexe. C’est dans cette période qu’Ernest sera grièvement blessé à la jambe et à la fesse par un éclat de schrapnell. Laissé entre les lignes de combat, il sera recueilli le lendemain par une équipe de brancardiers. Evacué à l’arrière sur le service de santé, il rejoindra d’abord l’hôpital militaire de Dinard en Bretagne, puis en octobre l’hôpital militaire n° 105 d’Aix-les-Bains en Savoie. Ce n’est qu’en novembre qu’on pourra lui retirer l’éclat de schrapnell. Des complications le clouent au lit avec beaucoup de souffrances.
Le 19 janvier 1915, Alphonsine est victime d’un accident . Il semble qu’après une journée de travail fatigante, elle se soit endormie près du feu, et que dans la nuit, elle soit tombée dans l’âtre . Ses vêtements ont pris feu, elle n’a pas pu se dégager et a été grièvement blessée. Elle décèdera des suites de ses brûlures.
Ernest n’est pas en mesure de se déplacer, il ne pourra pas assister aux obsèques de sa femme Marie Alphonsine.
En avril, il entre en convalescence et peut enfin revenir à La Cour Marigny. Il restera près de ses enfants jusqu’en juin . Après les visites médicales réglementaires, il est remobilisé et rejoint le front le 15 juillet 1915. Son régiment est stationné dans le secteur de Clermont-en-Argonne.
Nous pouvons avoir une idée de la guerre vécu par Ernest, d’une part à partir de l’historique de son régiment et d’autre part en consultant l’album regroupant les cartes postales qu’il a expédié et reçu pendant cette période.
A noter que l’année 1915 sera l’année maudite pour la famille SIGNOL, car outre le décès d’Alphonsine Marie, son frère Paul-Alphonse est porté disparu dans les combats de la Somme, anéantissant ainsi la famille.
Après son retour à la vie civile, Ernest va se remarier avec une veuve de guerre Mathilde RICHARD, veuve BELLÉ . Mathilde a un fils René et le couple va poursuivre la vie d’agriculteurs et élever les quatre enfants.
Vers 1920, la famille s’installe à la ferme de Chatillonnette sur la commune de THIMORY, une exploitation agricole plus importante que La Rebosserie . Les enfants iront à l’école à THIMORY, soit chaque jour trois ou quatre kilomètres à pied par des chemins pas toujours très praticables .
Plus tard, vers 1935 le couple se retirera au hameau de La Montagne à Noyers où Ernest passera sa retraite avec Mathilde. Dans ce lieu, ils continueront à s’activer à des travaux de jardinage et à élever poules, lapins et chèvres . Au début il s’agissait même d’une petite exploitation agricole avec un cheval et trois ou quatre vaches . Le cheval sera réquisitionné en 1939 .
Ernest, trop âgé, ne sera pas mobilisé pour la guerre 1939-1945.
Le 7 mars 1964 il décède à Noyers à l’âge de quatre vingt quatre ans. Après son décès la maison de La Montagne sera vendue et Mathilde rejoindra son fils René à SAINT BENOIT sur LOIRE (45).
Cette génération est celle des troisième et quatrième Républiques, et celle des deux guerres mondiales, surtout de la première et de son lot de souffrances . Ils auront vu arriver l’électricité, dont ils auront profité dans la seconde partie de leur vie . Ils auront aussi vu le passage du cheval aux véhicules à moteur . Mais Ernest n’aura jamais de voiture à moteur , il partira également trop tôt pour avoir l’eau au robinet . Ils auront aussi aperçu la télévision, en noir et blanc, chez leurs enfants dans les dernières années de leur vie .
C’était un autre monde …
NOTA : Pour ce qui concerne Eugène PINGOT, le frère d’Ernest : il s’est marié le 12 février 1906 à OUZOUER sur LOIRE avec Judith PELLERIN. Il a eu une seule fille : Lucienne PINGOT, qui s'est mariée à BOISCOMMUN avec Raymond ROBILLARD . Eugène et Judith sont enterrés à BOISCOMMUN (45).